de fr it

Défensionaux

Le terme désigne les alliances conclues dans la seconde moitié du XVIe s. et au XVIIe s. pour défendre la Confédération (Défense nationale). Elles complétaient les dispositions de la fin du Moyen Age, dépassées, et incluaient notamment des clauses qui obligeaient les cantons à se prêter alliance mutuelle. Les défensionaux jouèrent un rôle considérable dans l'histoire des milices cantonales et de la neutralité helvétique.

Les premiers défensionaux furent conclus dans la seconde moitié du XVIe s. entre les cantons protestants, en réponse à la Contre-Réforme. Pendant la guerre de Trente Ans, catholiques et protestants se rapprochèrent pour faire accepter la neutralité par l'étranger. Ces alliances furent de courte durée et ne furent pas signées par tous les cantons. A la suite de menaces des troupes impériales, les premières mesures fédérales furent prises pour protéger la frontière en Thurgovie. Elles joueront un rôle capital pour le développement des défensionaux. Après la violation de la frontière par le duc Bernard de Weimar, près de Bâle, les treize cantons se prononcèrent en 1638 en faveur de la neutralité armée et entreprirent peu après des négociations pour une réorganisation de la défense nationale. En raison de nouvelles attaques françaises et suédoises dans la région du lac de Constance, le Conseil de guerre se réunit à Wil (SG) en 1647 et conclut un défensional fédéral pour la protection de la Thurgovie. Approuvé par la Diète, il comprenait des clauses sur la levée, l'organisation et l'armement des troupes. Quoiqu'il ait répondu à une menace précise, il servit après la paix de Westphalie de base aux mesures ultérieures.

Les attaques ottomanes dans l'est de l'Europe entraînèrent un renouvellement des alliances en 1664. Après l'occupation de la Franche-Comté par la France en 1668, le défensional de Baden - première législation militaire véritablement nationale - fut conclu en 1673 par seize cantons et alliés. Lu chaque année lors de la Diète, il pouvait être adapté à de nouveaux dangers ou menaces. Le Conseil de guerre possédait de larges compétences, également au niveau politique. Le défensional ne resta en vigueur que peu de temps en raison des différends confessionnels: les cantons catholiques, à l'exception de Lucerne, y renoncèrent entre 1676 et 1703. Au début des guerres révolutionnaires (première coalition), le défensional de Baden fut juré pour la première et dernière fois par tous les cantons lors de la Diète de mai 1792. Sous la Restauration, il constitua la base du règlement militaire fédéral de 1817, qui se maintint jusqu'en 1848, voire 1874 dans ses fondements (Armée).

Sources et bibliographie

  • G. Grosjean, Berns Anteil am evangelischen und eidgenössischen Defensionale im 17. Jahrhundert, 1953
  • Bonjour, Neutralität, 1
  • J. Stüssi-Lauterburg, «Das Defensionale von Wil (1647)», in 1648, Die Schweiz und Europa, éd. M. Jorio, 1999, 147-173
Liens

Suggestion de citation

Benoît de Montmollin: "Défensionaux", in: Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 22.03.2005, traduit de l’allemand. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/008613/2005-03-22/, consulté le 19.03.2024.