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Erguël

La ruine du château des seigneurs d'Erguël, près de Sonvilier. Carte postale, vers 1930 (Collections Mémoires d'Ici, Saint-Imier).
La ruine du château des seigneurs d'Erguël, près de Sonvilier. Carte postale, vers 1930 (Collections Mémoires d'Ici, Saint-Imier).

Seigneurie (ou bailliage) de l'évêché de Bâle du XIIIe s. à 1797, correspondant à peu près à l'actuel district bernois de Courtelary. Elle comprenait la vallée de la Suze, Tramelan et Perles (auj. distr. de Büren). L'évêque de Bâle et le seigneur de Fenis-Neuchâtel se partageaient le Suzingau au XIe s. lorsque les sires d'Arguel de Franche-Comté en obtinrent l'avouerie et s'installèrent dans le château au sud-est de Sonvilier. En 1264, Otton d'Arguel (ou d'Erguël) résigna sa charge à l'évêque. Le maire épiscopal de Bienne remplit alors les fonctions d'avoué pour l'E. Depuis le XIIIe s., Bienne exerçait le droit de bannière dans le Bas-E., puis dès 1395, dans le Haut-E. Le traité de combourgeoisie de 1335 qui l'unissait au chapitre de Saint-Imier fut reconduit en 1479, plaçant l'institution sous la tutelle complète de la ville. Dès 1493, l'E. fut administré par la ville de Bienne, les maires de la vingtaine de villages ou hameaux groupés en huit paroisses ou mairies n'étant que ses exécutants. Sous l'influence de la cité, la Réforme fut votée par les Erguëliens en mars 1530 alors que Soleure accueillait le chapitre de Saint-Imier. En 1553, le chapitre cathédral de Bâle engagea l'E. à Bienne pour 7000 couronnes. Les Erguëliens, appuyés par Soleure, obtinrent la dénonciation de cet accord et, en 1556, l'octroi des franchises d'E. par le prince-évêque. L'affaire de l'échange de Bienne mit fin aux ambitions de la ville en 1604; avec l'octroi d'un coutumier en 1605, l'installation d'un châtelain, son représentant direct, à Courtelary en 1606, ainsi que le transfert de l'instance d'appel à Porrentruy, le prince-évêque Jacques Christophe Blarer de Wartensee déposséda Bienne de ses pouvoirs sur l'E., la ville ne gardant que le droit de bannière. L'ordonnance épiscopale de 1726 fut abrogée pour l'E. en raison de l'agitation qu'elle provoqua (Troubles). L'E. fut toutefois soumis à la déclaration souveraine de 1742 qui restreignait ses libertés. Compris dans la neutralité helvétique, l'E. fut épargné jusqu'en 1797 par les troupes françaises, entrées dans l'évêché en 1792, mais vécut une période troublée. Alors qu'une régence provisoire était désignée par le prince-évêque, la Société patriotique d'E. tenta vainement de faire de l'E. avec Bienne une république libre et indépendante intégrée à la Confédération suisse. Occupé dès décembre 1797, incorporé au département du Mont-Terrible, puis à celui du Haut-Rhin (1800-1814), l'E. constitua le canton de Courtelary au sein de l'arrondissement de Delémont. A l'administration du baron d'Andlau succéda la réunion au canton de Berne (1815), où l'E. devint bailliage (Amt) de Courtelary.

Sources et bibliographie

  • P. César, Notice hist. sur le pays d'Erguël, 1897
  • M. Jorio, Der Untergang des Fürstbistums Basel (1792-1815), 1982
  • A. Chèvre, «Le Réveil de l'Erguël au XVIe s.», in Actes SJE, 1985, 9-50
  • Th.R. Frêne; A. Bandelier et al., éd., Journal de ma vie, 5, 1993, 29-31
  • P.-O. Léchot, «La vénérable classe d'Erguël de la Réforme aux Lumières», in Actes SJE, 2002, 214-246
Liens
Notices d'autorité
GND

Suggestion de citation

Anne Beuchat-Bessire: "Erguël", in: Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 26.07.2017. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/008439/2017-07-26/, consulté le 29.03.2024.