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Saint-BlaiseD

L'abbaye bénédictine de S., située dans la Forêt-Noire, trouve son origine dans la cella alba, fondée par Sigemar et mentionnée en 858/859. La cella devint propriété de l'abbaye de Rheinau et en reçut des reliques de saint Blaise à la fin du IXe s. Reginbert, moine d'Einsiedeln, réanima la cella après le milieu du Xe s. et sera vénéré comme son fondateur. Entre 1049 et 1065, l'abbaye se détacha de Rheinau et obtint en 1065 de l'empereur Henri IV l'immunité. Selon la tradition, Beringer et Werner (✝︎1068), mentionné en 1064, furent les premiers abbés de S. A cette époque, l'abbaye était en étroit contact avec Rodolphe de Souabe et le diocèse de Bâle, dont les évêques assumèrent sans doute la fonction de bailli après le duc Rodolphe de Souabe. Vers 1072, S. suivit la réforme de l'Eglise initiée par le couvent de Fruttuaria (Piémont). L'avouerie passa aux Zähringen en 1125, aux Habsbourg après 1250. La fondation des prieurés et des couvents de femmes de Bürglen, Weitenau, Berau, Gutnau, Sitzenkirch (tous situés dans le sud de la Forêt-Noire), Ochsenhausen (Haute-Souabe) et Wislikofen (Argovie) témoignent du rayonnement de S. du XIe au XIIIe s.; Muri (1082-1085/1086), en Argovie, et Trub, dans l'Emmental (vers 1125-1128/1130) furent aussi des prieurés de S. pendant une brève période. L'abbaye conclut une confraternité de prières avec Saint-Victor de Marseille en 1083; de nombreux autres accords suivirent. S. peupla les couvents d'Alpirsbach (dans la vallée du Kinzig, au centre de la Forêt-Noire), de Wiblingen (au sud d'Ulm), de Cerlier (Saint-Jean), de Stein am Rhein, d'Ensdorf (Haut-Palatinat), d'Ettenheimmünster (Ortenau), de Sainte-Walburge (Alsace), de Sulzburg (dans le sud de la Forêt-Noire) et de Fultenbach (près d'Augsbourg). En 1094, celui de Göttweig (Basse-Autriche ) fit venir de S. le prieur Hartmann adoptant ainsi la réforme de l'Eglise. Entre 1143 et 1147, le moine Frowin fut envoyé comme abbé à Engelberg, qui devint un haut lieu de la réforme conventuelle avec l'installation d'un scriptorium unique en son genre.

S. fut d'abord un monastère double. Le couvent des nonnes, déplacé à Berau au début du XIIe s., influença ceux de Fahr, de Sulzburg et de Sitzenkirch. Après la réforme de l'Eglise, S. mit l'accent sur l'extension de sa seigneurie foncière. Au XIVe s., celle-ci était subdivisée en treize bailliages, dont trois, les prévôtés de Bâle, Klingnau et Zurich, se trouvaient sur le territoire de la Suisse actuelle. A la suite de la Réforme protestante, S. perdit ses possessions situées dans le Wurtemberg, le margraviat de Bade-Durlach et le canton de Zurich. Acquise en 1613, la seigneurie immédiate de Bonndorf, réunie en 1699 aux bailliages de Blumegg, Gutenburg und Bettmaringen, fut érigée en comté; celui-ci fut élevé au rang de principauté impériale en 1746, mais le couvent et le reste de ses biens gardèrent le statut d'état d'Autriche antérieure. Dès 1666, l'abbé présida le banc des prélats des états du Brisgau. C'est pendant la dernière époque florissante de l'abbaye, au XVIIIe s., sous la conduite du prince-abbé Martin Gerbert (1764-1793), que prit corps l'ambitieux projet de créer l'encyclopédie Germania Sacra. Après l'incendie de 1768, qui endommagea la bibliothèque et les archives, le couvent fut reconstruit en style classique et des tombeaux pour les premiers Habsbourg installés dans l'abbatiale; on fit venir leurs ossements de la cathédrale de Bâle (impératrice Anne, première épouse de Rodolphe Ier) et de Königsfelden. En 1803, S. revint au duc de Modène, en 1806 au grand-duc de Bade. Après sa sécularisation, l'empereur d'Autriche François Ier offrit aux moines le bâtiment du chapitre cathédral de Spital am Pyhrn ob der Enns (Haute-Autriche) en 1807, puis, en 1809, l'abbaye de Saint-Paul dans la vallée du Lavant (Carinthie), où le couvent existait toujours au début du XXIe s. En 1809, le Zurichois Johann Georg Bodmer installa dans l'ancienne abbaye une fabrique de machines pour l'industrie textile, à laquelle s'ajouta ensuite notamment une filature (1811). Les bâtiments conventuels abritent un collège jésuite depuis 1934.

Sources et bibliographie

  • J.W. Braun, éd., Urkundenbuch des Klosters Sankt Blasien im Schwarzwald: Von den Anfängen bis zum Jahre 1299, 2003
  • Germania Benedictina, 5, 1975, 146-160
  • H. Jakobs, Der Adel in der Klosterreform von Sankt Blasien, 1968
  • Das tausendjährige Sankt Blasien, 2 vol., 1983
  • HS, III/1, 1166-1176
Liens
Notices d'autorité
GND

Suggestion de citation

Immo Eberl: "Saint-Blaise (D)", in: Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 11.01.2011, traduit de l’allemand. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/007111/2011-01-11/, consulté le 29.03.2024.