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Archéologie industrielle

Branche scientifique récente, l'archéologie industrielle a pour objet l'étude, l'inventaire, la mise en valeur et la préservation de sites et d'installations mécaniques dans les domaines de l'artisanat, de l'industrie et des transports, des mines et des ouvrages hydrauliques. Elle entretient des liens avec l'histoire du bâtiment, de l'architecture et des techniques, l'ethnologie, l'histoire économique, sociale et culturelle. Comme les autres courants de l'archéologie, elle s'intéresse essentiellement aux vestiges matériels. Elle a pour mission d'attirer l'attention sur le monde du travail et de situer dans leur contexte social des processus de fabrication, des outillages et des constructions.

Dans les pays de langue allemande, Conrad Matschoss, collaborateur de Sulzer à Winterthour, fut le premier à élargir l'histoire des techniques aux monuments industriels. Le terme Industrial Archaeology a vu le jour dans les îles Britanniques en 1955. En 1959, l'université de Birmingham éleva pour la première fois l'archéologie industrielle à la dignité de discipline scientifique en lui consacrant des cours au centre d'Ironbridge. En Allemagne, l'archéologie industrielle revêt une grande importance pour l'évaluation et la conservation de grands ensembles, sidérurgiques entre autres. Depuis 1973, un symposium international réunit tous les trois ans les spécialistes de la branche.

Passée très tôt à l'industrie, la Suisse possède un patrimoine d'importance internationale qu'il convient d'inventorier et de sauvegarder en gagnant de vitesse l'actuel processus de désindustrialisation, et cela aussi bien pour satisfaire la curiosité grandissante des touristes pour ce secteur culturel que pour favoriser dans le pays même une prise de conscience des richesses de cet héritage (Usines). En 1974, le recensement des sites a commencé à l'échelle nationale avec le lancement de l'Inventaire suisse d'architecture (INSA) pour la période 1850-1920. Cantons et communes ont suivi plus ou moins vite le mouvement. Depuis 1979, des projets de conservation et de mise en valeur de sites industriels à l'abandon se réalisent: le parcours didactique de l'Oberland zurichois et sa filature-musée (dès 1979), la piste cyclable de Winterthour (1990), le sentier industriel de la Lorze dans le canton de Zoug (1995), le parcours didactique Bischofszell-Hauptwil avec sa papeterie-musée (1995), le sentier de culture industrielle Baden-prise d'eau de la Limmat (1995-1998), le chemin de l'industrie glaronaise (1996), l'usine des forces motrices de Genève transformée en salle de spectacles (1997). Il faut signaler comme l'aboutissement le plus réussi le parcours qui relie, à travers un ancien paysage industriel, la vallée de la Töss au Greifensee, le premier du genre: il donne à voir des fabriques reconverties, des édifices restaurés ou transformés en musée, des remises en service (ancien chemin de fer, bateau à vapeur, scierie hydraulique, fabrique de tissage, etc.). Des mines désaffectées comme celles de Gonzen et du Val-de-Travers ont été converties en musées de l'industrie minière; les salines de Bex, encore en exploitation, ont quelques salles historiques. Des musées thématiques sont consacrés plus particulièrement à l'industrie des transports: le plus remarquable est celui de Lucerne.

A la différence des autres nations industrielles, la Suisse n'a aucune chaire de culture industrielle, ni dans ses écoles techniques supérieures, ni dans ses universités. L'histoire des techniques n'est étudiée qu'à l'échelle locale ou régionale et sur des sujets particuliers. En l'absence d'une institution officielle de recherches et de documentation, notre connaissance des monuments industriels reste fragmentaire, ce qui rend d'autant plus difficile une protection efficace de ce patrimoine.

Sources et bibliographie

  • Industriearchäologie, 1977-
  • Rapport sur l'étude et la mise en valeur du patrimoine industriel en Suisse, 1981
  • Industriekultur-Bulletin, 1984-
  • A. Balthasar, Th. Steffen, «Technikgeschichte», in RSH, 41, 1991, 161-168
  • D. Stender, éd., Industriekultur am Bodensee, 1992
  • H.-P. Bärtschi, Der Industrielehrpfad Zürcher Oberland, 21994
  • H.-P. Bärtschi, Industriekultur im Kanton Zürich, 21995 (avec bibliogr.)
  • H.-P. Bärtschi, La Suisse et son patrimoine industriel, 1998 (franç. et all.)
Liens

Suggestion de citation

Hans-Peter Bärtschi: "Archéologie industrielle", in: Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 12.02.2008, traduit de l’allemand. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/041760/2008-02-12/, consulté le 29.03.2024.