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Constructions hôtelières

Publicité pour le Grand-Hôtel Excelsior et Bon-Port à Territet-Montreux, vers 1908 (Bibliothèque de Genève, Archives A. & G. Zimmermann).
Publicité pour le Grand-Hôtel Excelsior et Bon-Port à Territet-Montreux, vers 1908 (Bibliothèque de Genève, Archives A. & G. Zimmermann).

Les origines de l'hôtel moderne se situent dans le prolongement des anciens relais d'étape ou maisons d'hôte, toujours en usage au milieu du XIXe s. mais devenus insuffisants pour satisfaire la demande croissante d'établissements de séjour (Auberges). Le témoignage des étrangers, partis en pélerinage sur les traces de Jean-Jacques Rousseau, George Byron ou Mary et Percy Bysshe Shelley, montre bien le caractère improvisé des premiers quartiers dévolus aux voyageurs par les habitants de Montreux dans leurs propres maisons. L'aménagement des routes, le réseau de diligences postales et la mise en activité des premiers bateaux à vapeur favorisent la construction d'hôtels dans les villes au cours des années 1830-1840 (les Bergues à Genève en 1830-1834, les Dreikönige à Bâle en 1842 et le Baur au Lac à Zurich en 1844, par exemple). L'afflux de voyageurs s'accélère grâce surtout au développement du chemin de fer à partir des années 1850. La Suisse, qui s'était imposée au XVIIIe s. comme étape sur la route du Midi, devient un but en soi dès le milieu du XIXe s. Les stations de villégiature s'y multiplient en fonction d'une fréquentation touristique saisonnière et des pratiques de cure diverses (Tourisme).

Affiche pour le Grand-Hôtel de Giessbach, vers 1918 (Museum für Gestaltung Zürich, Plakatsammlung, Zürcher Hochschule der Künste).
Affiche pour le Grand-Hôtel de Giessbach, vers 1918 (Museum für Gestaltung Zürich, Plakatsammlung, Zürcher Hochschule der Künste). […]

Un enchaînement progressif mais rapide des types d'hôtels et de pensions s'ensuit, donnant lieu à plusieurs vagues de constructions, vers 1870, 1885, 1900 et 1955. Avec l'augmentation des nuitées, les hôtels connaissent des agrandissements périodiques sous forme d'adjonction d'annexes, d'exhaussement, d'approfondissement ou d'élargissement des gabarits. L'accroissement du parc hôtelier est non seulement fonction du nombre des visiteurs étrangers, parmi lesquels Anglais et Allemands dominent en proportion (en 1896, 5740 Anglais et 4849 Allemands recensés à Montreux), mais aussi de l'exigence différenciée de confort et de prestige. En 1874, Eduard Guyer-Freuler cite le premier Beau-Rivage de Lausanne et le Schweizerhof de Lucerne parmi les palaces les plus réputés d'Europe. A côté des sites lacustres et alpestres consacrés à la villégiature, il faut signaler des stations thermales comme Saint-Moritz ou Loèche-les-Bains, où les hôtels accueillent, en plus des curistes, des hôtes qui s'adonnent à la pratique des sports estivaux et hivernaux. L'hôtel d'altitude se confond parfois avec la clinique ou le Sanatorium, comme le Grand-Hôtel de Leysin édifié en 1892 par la Société climatérique. L'essor hôtelier considérable du XIXe s. entraîne une véritable colonisation touristique du territoire helvétique, qui prend subitement fin avec le déclenchement des hostilités de 1914 et la raréfaction des étrangers qui s'ensuit. La stagnation de l'hôtellerie se prolonge jusque dans les années 1950, lorsqu'une nouvelle clientèle fait son apparition, grâce au tourisme de masse, aux festivals et aux congrès.

L'évolution du type bâti des hôtels, selon la perspective de Nikolaus Pevsner, démontre l'influence déterminante des modes de séjour sur l'amélioration du confort. Le progrès technique permet aux hôtels de se doter du chauffage central, d'ascenseurs, de salles de bains individuelles et autres commodités. Les restrictions spatiales d'une implantation urbaine favorisent de cas en cas l'adoption pour des hôtels de luxe du modèle de plan à atrium. En site dégagé, ce sont plus souvent des volumes étirés en longueur et articulés à la manière d'un château qui sont privilégiés. Au XIXe s., le traitement architectural s'inspire d'abord de l'historicisme, puis de l'éclectisme, avec des emprunts au langage vernaculaire ou à des styles étrangers. Vers 1920 déjà, l'architecture épurée du Mouvement moderne diffuse le toit plat et la terrasse en porte-à-faux, à partir d'une structure en béton armé. L'image de la modernité reste l'exception, tandis que les constructions d'inspiration traditionnelle sont les plus nombreuses en raison du caractère familier recherché par le public.

Sources et bibliographie

  • E. Guyer-Freuler, Das Hotelwesen der Gegenwart, 1874
  • P. Meyer, «Hotelbauten und Stilgeschichte des Hotels», in Das Werk, 1942, 211-227
  • O. Birkner, Bauen + Wohnen in der Schweiz 1850-1920, 1975
  • N. Pevsner, A History of Building Types, 1976
  • NMAH, 29, 1978, 4
  • INSA, 1982-2004
  • M. Schmitt, Palast-Hotels, 1982
  • I. Rucki, Das Hotel in den Alpen, 1989
  • Th. Ott, Palaces, 1990
  • R. Flückiger-Seiler, éd., Conservation et gestion des hôtels hist., 1996
  • Lugano Hôtels, cat. expo. Lugano, 1998
  • R. Flückiger-Seiler, Hotelträume zwischen Gletschern und Palmen, 2001
  • R. Flückiger-Seiler, Hotelpaläste zwischen Traum und Wirklichkeit, 2003
  • C. Seger, Grand Hotel, 2005
Complété par la rédaction
  • Flückiger-Seiler, Roland: Berghotels zwischen Alpweide und Gipfelkreuz. Alpiner Tourismus und Hotelbau 1830-1920, 2015.
Liens

Suggestion de citation

Gilles Barbey: "Constructions hôtelières", in: Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 22.09.2011. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/027824/2011-09-22/, consulté le 29.03.2024.