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Liestalcommune

Comm. BL, chef-lieu du distr. du même nom et du canton de Bâle-Campagne. La vieille ville est implantée sur un éperon rocheux au confluent de l'Ergolz et de l'Orisbach, sur la voie menant de Bâle aux cols jurassiens du Hauenstein. Bâtie sur un plan en éventail, elle présente une large rue principale (rue du Marché) et deux rues secondaires. De petits faubourgs se développèrent au XVIIIe s. aux abords des portes Supérieure et Inférieure. Le quartier artisanal de Gestadeck, le long d'un canal, apparut au XVIIe s. déjà. 1225 Liestal. La date de 1189, autrefois admise comme première mention, se fonde en réalité sur un faux. Siège des autorités cantonales, ville d'administration et de services, L. joue un rôle de centre régional pour la vallée inférieure de l'Ergolz.

Population de la commune de Liestal

Année1497168017981837
Habitants4501 2361 5752 642
     
Année18501870b18881900191019301950197019902000
Habitants3 0323 8634 8505 4036 0726 6988 44912 50012 85312 930
En % de la population cantonalea5,7%6,4%7,1%6,6%7,1%6,6%7,1%5,7%5,2%5,0%
Langue          
Allemand  4 8025 2705 8666 5148 04110 12510 36810 759
Français  386511289126174154122
Italien  45778832441 623971660
Autres  6111612385781 3601 389
Religion, Confession          
Protestants2 7013 3214 0014 6605 1115 6136 8507 9247 0305 995
Catholiquesc3314957166918991 0101 4954 3164 0393 641
Autres 571335262751042601 7843 294
dont communauté juive  84525533241798
dont communautés islamiques       44522699
dont sans appartenanced       749421 644
Nationalité          
Suisses2 8343 5994 4434 9225 4206 1587 9239 7679 8829 688
Etrangers1982744074816525405262 7332 9713 242

a Habitants: population résidante; religion et nationalité: population "présente"

b Selon la configuration territoriale de 2000

c Y compris catholiques-chrétiens de 1888 à 1930; depuis 1950 catholiques romains

d N'appartenant ni à une confession ni à un groupe religieux

Population de la commune de Liestal -  auteur; recensements fédéraux

Epoque gallo-romaine

La villa romaine de Munzach durant les fouilles de juin 1954 (Archäologie und Museum Baselland, Liestal).
La villa romaine de Munzach durant les fouilles de juin 1954 (Archäologie und Museum Baselland, Liestal). […]

Le sol de L. et de ses environs a livré les vestiges de plusieurs importantes constructions gallo-romaines: la villa de Munzach, un aqueduc, des éléments de voie et le castrum supposé établi à l'emplacement du cimetière actuel. L'aqueduc captait l'eau de l'Ergolz en aval de Lausen pour l'amener dans la partie sud de la ville d'Augusta Raurica (Augst), six kilomètres et demi plus loin. Il paraît avoir été en fonction du début du Ier au IIIe s. C'est probablement cette conduite d'eau qui permit la construction des thermes centraux d'Augusta Raurica dans la seconde moitié du Ier s. Des restes en sont visibles à la Heidenlochstrasse et à l'Oberer Burghaldenweg.

Sous la Burgstrasse et la Langhagstrasse, on a reconnu des vestiges du lit de gravier de la voie antique. De là, elle menait en direction de Bad Bubendorf, et son tracé est encore visible sous la forme d'un chemin légèrement surélevé, au-delà du Steinenbrüggli (franchissement de la Frenke). Il n'est plus possible d'établir si le pont lui-même est d'origine romaine. Le réexamen, en 1988, du mobilier archéologique découvert lors des fouilles de l'église de la ville en 1948 a démontré l'existence, dans la zone de l'église Saint-Martin (VIIe/VIIIe s.), d'un habitat gallo-romain aux limites encore inconnues, qui survécut à la crise de la fin du IIIe s. Le plan presque orthogonal du quartier jouxtant l'église, de même que les accès selon les axes médians suggèrent fortement un petit castrum gallo-romain tardif (IVe s.), dont la fonction aurait été de surveiller la route, comparable à ceux d'Irgenhausen et de Schaan. Quoique vraisemblable, la continuité d'occupation depuis l'Antiquité tardive n'est cependant pas prouvée.

Du haut Moyen Age à la création du canton

L'époque antérieure à la cession à la ville de Bâle (1400)

Il doit y avoir eu des habitats du haut Moyen Age à proximité de l'ancienne villa gallo-romaine de Munzach et autour de l'église et de l'actuel hôtel du gouvernement (sur l'éperon entre l'Ergolz et l'Orisbach). Un site du Röserntal, avec exploitation sidérurgique, a été étudié en 1991-1992 et 2002; il a fourni des témoignages sur la vie entre le IXe et le XIIe s.

Physionomie de la ville vers 1663, aquarelle de Jakob Meyer: vue à vol d'oiseau depuis le nord, vue frontale et plan (Staatsarchiv Basel-Landschaft, KP 5003 0250).
Physionomie de la ville vers 1663, aquarelle de Jakob Meyer: vue à vol d'oiseau depuis le nord, vue frontale et plan (Staatsarchiv Basel-Landschaft, KP 5003 0250). […]

Le complexe du Freihof (curtis), entouré d'un fossé, paraît avoir formé avec l'église le noyau autour duquel s'est développé le bourg de L.; il fut probablement aménagé peu avant sa première mention écrite (1225). Le choix du site, à l'embranchement des deux routes du Hauenstein, était judicieux. L'éperon en terrasses offrait une protection et permettait d'utiliser la force hydraulique (moulin) à l'intérieur des murs sans nécessiter la construction d'ouvrages d'art. Vers 1240, sous le comte Hartmann de Frobourg, L. fut élevé au rang de ville. Un marché se tenait déjà, peut-être depuis le haut Moyen Age, au lieudit Altmarkt, près du confluent de la Frenke et de l'Ergolz. Au XIIIe s., les comtes de Frobourg le déplacèrent aux alentours de l'église Saint-Martin, où se trouvait déjà le grenier. Fortifié avant le milieu du XIIIe s., qualifié de municipium en 1275, de civitas en 1288, le bourg de L. attira la population des villages environnants de Munzach et Lausen-Bettenach, dès lors abandonnés. La charge d'avoyer est mentionnée à partir de 1277. Les habitants sont appelés bourgeois pour la première fois en 1295.

Vers 1265 déjà, L. échut à la branche cadette des Homberg ou Homburg, apparentée aux Frobourg, qui s'éteignit en ligne masculine en 1303, au décès d'Hermann. En 1305, sa sœur, Ida, épouse du comte Frédéric de Toggenbourg, vendit L. à l'évêque de Bâle, qui nomma désormais l'avoyer. En 1323, l'évêque remit L. en gage pour un temps au chevalier Ulrich de Ramstein, puis en 1374, pour une année, au duc Léopold d'Autriche. A peine reconstruite après le tremblement de terre de 1356, la ville fut conquise et incendiée par Léopold en 1381. Accablé de dettes, l'évêque fut contraint en 1400 de vendre les seigneuries de L., Homberg et Waldenburg à la ville de Bâle.

Bas Moyen Age et Ancien Régime

La charge d'avoyer fut désormais exercée par un bourgeois de Bâle. Durant un certain temps, les nouveaux souverains bâlois ne qualifièrent plus L. de ville, mais de château. Des conflits surgirent avec eux, du fait que des hommes de L. combattirent dans les rangs des Confédérés à la bataille de Saint-Jacques-sur-la-Birse en 1444 et lors des guerres de Bourgogne en 1476 et 1477, puis au moment de la guerre de Souabe en 1499, quand les Confédérés en marche vers Dornach furent ravitaillés à L. En 1501, les délégués de L. accueillirent avec enthousiasme l'admission de Bâle dans la Confédération. Dès 1520, L. eut pour curé un partisan déclaré de la foi nouvelle, Stephan Stör (qui prit part à la guerre des Paysans en 1525). Son successeur, Johannes Brunwiler, était plus indécis sur la question, mais l'adoption de la Réforme par le Conseil de Bâle en 1529 fit de lui le premier pasteur de L. Avant la Réforme déjà et jusqu'en 1763, l'ecclésiastique rattaché à la paroissiale de Munzach (église démolie en 1765) desservit aussi l'église de L. à titre d'auxiliaire.

L. paya d'une sévère humiliation sa participation à la guerre des Paysans en 1653: les autorités de Bâle firent désarmer la ville, confisquèrent son argenterie, brisèrent son sceau, abolirent ses privilèges, réduisirent ses bourgeois au rang de simples sujets et ses conseillers à celui d'assesseurs au tribunal de l'avoyer. Comme toute la campagne bâloise, L. fut soumis à l'état d'exception et occupé militairement jusqu'au renouvellement de l'hommage au souverain en septembre 1654. Un nouveau coutumier entra alors en vigueur. Il supprimait ou restreignait autant que possible les anciens privilèges (dispositions plus sévères du serment d'hommage, atteintes à l'autonomie de la ville). Durant vingt ans, L. n'eut plus à sa tête qu'un seul avoyer nommé par Bâle et fut donc administré comme un bailliage. Ce n'est qu'en 1673 que fut rétablie la charge de second avoyer, de sorte que l'avoyer en fonction était alternativement de L. et de Bâle.

La fondation de l'école remonte probablement au XIIIe/XIVe s., même si sa première mention ne date que de 1492. Placée dès 1536 sous la surveillance officielle du "collège des députés", elle fut dirigée jusqu'en 1767 par le pasteur de Lausen. A partir de 1759, elle s'ouvrit aux enfants de familles modestes, grâce au règlement scolaire pour la campagne qui les exemptait d'écolage. L'école réale fondée en 1820 à L. fut la première de la campagne bâloise.

La construction d'un hôpital près de la porte Supérieure (en fonction jusqu'en 1813) suivit sans doute de peu la fondation de la ville. La peste de 1349 fit quelques victimes à L., mais il n'est pas certain qu'elle ait été la motivation directe de la fondation, probablement par des nobles, de la maladrerie (ou hôpital du bas). Cette institution, vouée principalement aux soins aux lépreux, se trouvait à une demi-heure de marche sur la route de Bâle (reconstruite en 1766-1769).

Les artisans de Liestal, la chute de l'Ancien Régime et la division du canton

Il semble que dès les années 1580 au moins, certaines branches de l'artisanat de la campagne s'organisèrent en maîtrises. Au XVIIIe s., L. possédait une industrie et un artisanat diversifiés qui vivaient en partie du trafic de passage. En 1774, sont mentionnés dix tailleurs, vingt-neuf cordonniers, trois gantiers, sept bonnetiers, cinq faiseurs de bourses, neuf toiliers, quatre tisserands en laine, dix-sept tonneliers et six tourneurs, qui ne travaillaient pas seulement pour les besoins de la clientèle locale (L. ne comptait alors que 1500 habitants), mais aussi pour les environs. Le nombre de métiers à rubans, d'abord modeste (huit en 1770), passa à quarante-quatre en 1786. A côté de leur activité industrielle ou artisanale, la plupart des habitants pratiquaient un peu d'agriculture et de viticulture.

Vers la fin de l'Ancien Régime, les petits artisans devinrent une force politique non négligeable. Au cours du XVIIIe s., ils commencèrent à s'affranchir de la tutelle exercée par les corporations de la ville de Bâle, puis jouèrent un rôle de premier plan dans le renversement de l'Ancien Régime. En juillet 1790, un groupe d'artisans de L. adressa à Bâle une requête demandant notamment l'abolition du servage; le Conseil de Bâle y fit droit partiellement le 27 décembre. Le 1er janvier 1798, le "banquet patriotique" de Bâle, préliminaire important de la révolution bâloise, réunit quelque 150 adeptes des idées nouvelles, dont huit de L. Les comités de communes approuvèrent les "quatre points" présentés par des gens de L. le 13 janvier et revendiquant l'égalité des droits et des libertés pour les citoyens de la campagne. Quelques jours auparavant avait été planté à L. l'un des premiers arbres de la liberté de Suisse. Le 22 janvier, une délégation de Bâle se rendit à L. pour y remettre la charte de liberté: la campagne bâloise fut ainsi, dans toute la Confédération, le premier territoire sujet à obtenir la liberté et l'égalité.

L. joua un rôle de premier plan dans les troubles qui amenèrent la division du canton (1830-1833), toujours avec une forte participation des artisans. Le premier gouvernement provisoire de la campagne s'établit à L. en 1831, ce qui eut pour effet de livrer la localité au feu des troupes de la ville, puis à l'occupation. La séparation partielle fut prononcée en 1832, la séparation totale en 1833. L. devint le chef-lieu du demi-canton de Bâle-Campagne.

Le chef-lieu de canton, depuis 1833

Evolution politique, administrative et architecturale

Dès la création du demi-canton, la chancellerie du nouvel exécutif, qui comprenait cinq membres, s'établit dans un bâtiment qui prit le nom d'hôtel du gouvernement, construit en 1775-1779 près de la porte du Bas, à l'emplacement du Freihof et du château primitif (donc au lieu même d'où était issue la ville médiévale). On y aménagea en 1837 une salle pour le Grand Conseil, dont les quarante-cinq membres se réunissaient précédemment à l'hôtel de ville. En 1850, Benedikt Stehle, architecte et inspecteur des bâtiments, agrandit l'hôtel du gouvernement, qui durant des dizaines d'années abrita l'administration cantonale, une grande salle, ainsi que des locaux pour le tribunal, les archives, la bibliothèque et le musée. L'hôpital cantonal édifié sur des plans de Stehle en 1852-1854 (remplacé par un nouvel édifice en 1961), à l'écart de la vieille ville, donna une touche de monumentalité à un chef-lieu dont la croissance était hésitante. La caserne inaugurée en 1862 accueillit des écoles d'infanterie jusqu'à sa restructuration en 2004; dès lors, elle héberge les troupes de transmission et de l'aide au commandement. L. est une place d'armes cantonale depuis 1874.

Une séance du Grand Conseil à Liestal. Caricature à l'aquarelle de Jakob Senn, 1836 (Archäologie und Museum Baselland, Liestal).
Une séance du Grand Conseil à Liestal. Caricature à l'aquarelle de Jakob Senn, 1836 (Archäologie und Museum Baselland, Liestal). […]

En 1879-1881, Johannes Bay construisit la préfecture, qui forme le pendant de l'hôtel du gouvernement; elle abrite l'administration et l'école du district. Le bâtiment scolaire de l'Oris, que Stehle bâtit sur mandat de la commune en 1853-1854, à la place de la Gare, fut racheté en 1914 par le canton et accueillit dès lors le tribunal, la bibliothèque cantonale et l'office du travail et de l'apprentissage. Un quartier administratif s'est formé dès 1950 à la Rheinstrasse; la plupart des services cantonaux s'y sont regroupés. La Banque cantonale, fondée en 1864, eut d'abord son siège dans l'hôtel du gouvernement et dès 1873 à la Rheinstrasse.

En 1939, l'administration municipale s'installa dans une annexe à l'arrière de l'hôtel de ville. L'acquisition en 1995 de l'immeuble sis à l'angle de la Salzgasse et du Fischmarkt permit un agrandissement considérable. Jusqu'au début du XXIe s., les partis bourgeois ont généralement dominé le Conseil de ville (exécutif), de sept, puis cinq membres (réduction acceptée en 2002). La ville n'a eu un président socialiste que de 1987 à 1996. Un parlement communal (Einwohnerrat) a remplacé en 1972 l'assemblée de commune; il comprend quarante membres, majoritairement radicaux et socialistes.

La commune bourgeoise est propriétaire de 1025 ha de forêts (qu'elle exploite elle-même), de divers biens-fonds, dont les domaines de Sichternhof et de Talacker, et d'un établissement médico-social.

Evolution urbaine et infrastructure

Jusqu'au XIXe s., en dehors de l'enceinte médiévale, la localité comprenait seulement le faubourg de Gestadeck et quelques maisons bâties au XVIIIe s. le long des routes d'accès nord et sud, comme celle du Bâlois Samuel Ryhiner, fabricant d'indiennes (1768). La porte Inférieure (nord) fut démolie en 1827-1828. Dans les décennies qui suivirent, de nouveaux quartiers apparurent le long des routes d'accès sud et nord (en direction de Bâle). La construction du chemin de fer dans les années 1850 donna naissance au quartier de la gare, mais provoqua une forte diminution du trafic sur la route du Hauenstein. Au sud, à l'est et à l'ouest du centre historique, les nouveaux quartiers d'habitation ne se développèrent qu'à partir de 1900 environ, le plus souvent à proximité de fabriques. Après 1945, l'extension urbaine gagna le versant sud du Schleifenberg, les hauteurs à l'ouest, les terrains plats du Frenkental et du Röserntal, outre ceux de la vallée de l'Ergolz au nord, en direction de Frenkendorf et Füllinsdorf. Depuis la fin du XXe s., L. forme une agglomération continue avec les communes voisines de la vallée de l'Ergolz.

Ouverte en 1854, la ligne de chemin de fer Bâle-L. fut prolongée jusqu'à Olten en 1858. Le chemin de fer à voie étroite de Waldenburg fut construit en 1880 (électrifié en 1953). Le tunnel de l'Adler inauguré en 2001 fait partie du projet Rail 2000. L. est le point de départ de plusieurs lignes de bus, dont certaines ont succédé à des diligences postales, telles celles pour Augst et Rheinfelden (1853) ou pour Reigoldswil (1854). La ligne de bus de Reigoldswil fut en 1905 la première en Suisse dont l'exploitation a été remise à une entreprise concessionnaire (Autobus AG Liestal depuis 1930), laquelle gère aussi des liaisons vers Bâle (1928), Lausen, Frenkendorf et Füllinsdorf (1976).

Quoique située sur le trajet des messagers reliant dès 1583 Bâle à Berne et plus tard à Milan, la localité n'eut son premier bureau de poste que sous la République helvétique, en 1799. Ce fut aussi le seul de la campagne bâloise jusqu'à la division cantonale. Le bureau du télégraphe fut ouvert en 1853, et le téléphone introduit en 1884 (avec neuf abonnés). L'imposant hôtel des postes, près de la gare, a été construit en 1891-1892 selon les plans de Hans Auer (actuellement centre culturel sous le nom de "Palazzo").

Les fontaines de la ville étaient alimentées depuis le Moyen Age par une source sise dans le vallon de l'Orisbach. Mais celle-ci ayant provoqué en 1890 une épidémie de typhus qui fit vingt et un morts, on capta les eaux de la source de Helgenweid, près de Hölstein; un système de pompage de la nappe phréatique fut mis en service en 1913. Un réseau d'eau courante fut installé en 1877. Des canaux dérivés de l'Orisbach, de la Frenke et de l'Ergolz fournissaient la force hydraulique nécessaire à l'industrie. La ville eut de 1873 à 1926 une usine à gaz, avant de se fournir auprès de l'usine de Bâle, puis de passer au gaz naturel. Pour l'éclairage public, les premiers réverbères électriques remplacèrent les becs de gaz le 24 décembre 1892. Le courant provint d'abord de petites turbines appartenant à une draperie et à la scierie; dès 1900, la firme Elektra Baselland, fondée deux ans plus tôt, le fournit à toute la ville.

Evolution économique et sociale

Un moulin est mentionné au XIVe s. déjà au Niederschönthal, à la limite des communes de L. et Füllinsdorf. Un quartier industriel s'y développa à partir du XVIIIe s., le long d'un canal (tréfileries, forges, fonderie, constructions métalliques, ateliers de tissage et de filage); on y trouvait aussi des logements pour les ouvriers. Sur le territoire de L., on vit s'établir au bord du même canal, vers 1825, la teinturerie, blanchisserie et foulerie d'Ambrosius Rosenmund (draperie et fabrique de couvertures Schild en 1920); puis sur l'Orisbach, en 1826, l'atelier de tissage fondé par Michael Spinnler; sur la Frenke, en 1862, la maison Schwarz (reprise en 1884 par Carl Albert Handschin et devenue plus tard la société Hanro). Parallèlement aux constructions métalliques et aux machines, l'industrie du textile et de l'habillement, y compris la passementerie et la chaussure (la maison Köttgen, fondée en1872, fut l'une des plus anciennes manufactures de chaussures de Suisse), devint la principale branche économique de la ville. Cet essor industriel eut des effets sur la structure de l'emploi: alors que la population comprenait auparavant surtout des agriculteurs (pratiquant aussi l'arboriculture et la viticulture), des artisans et des aubergistes, elle comptait 325 ouvriers en 1878, employés dans neuf usines. Jusqu'en 1940, L. fut la localité la plus industrialisée du canton.

L'usine Schild (draperie et fabrique de couvertures). Photographie de Theodor Strübin, vers 1945 (Archäologie und Museum Baselland, Liestal).
L'usine Schild (draperie et fabrique de couvertures). Photographie de Theodor Strübin, vers 1945 (Archäologie und Museum Baselland, Liestal). […]

Au milieu du XXe s. encore, plus de la moitié des travailleurs du secteur secondaire étaient employés dans l'industrie de l'habillement et du textile ou dans les constructions métalliques et les machines, notamment dans les fonderies Erzenberg (1840) et Chrétien (1848), chez Konrad Peter (machines agricoles et véhicules communaux, 1894) ou chez Prometheus (appareils électroménagers, 1899). Parmi les autres employeurs importants, il faut mentionner, dans la chimie pharmaceutique, Knoll (1893) et CIS (1921), l'imprimerie Lüdin, éditeur du seul quotidien du canton (la Basellandschaftliche Zeitung", devenue en septembre 2006 une des éditions de la Mittelland-Zeitung), et la brasserie Ziegelhof qui, seule brasserie de taille moyenne de la Suisse du Nord-Ouest à avoir survécu jusqu'au XXIe s., remit en mai 2006 toutes ses activités brassicoles à l'entreprise Eichhof à Lucerne. Presque toutes ces entreprises ont disparu ou ont été déplacées dès les années 1980, consécutivement aux bouleversements économiques et aux restructurations. Les grands bâtiments industriels (textile, construction de machines et d'appareils) ont été affectés à d'autres usages ou démolis. En 2000, le secteur secondaire n'employait plus qu'un petit tiers des personnes actives (60% en 1910).

L. se forgea, dès 1870 environ, une renommée comme lieu de villégiature, étape appréciée des Européens du Nord en route vers le sud et souhaitant prendre le temps de s'acclimater. Ces visiteurs avaient à leur disposition les bains de l'auberge Falken (eau salée, 1868-1869), de Bad Schauenburg (1869) et de Bad Bienenburg (1875-1876). La Première Guerre mondiale mit fin à la grande époque du thermalisme.

Culture et formation, Eglises et vie religieuse

Le Musée cantonal de Bâle-Campagne fut en 1837 l'un des premiers de son genre en Suisse (installé depuis 1982 dans l'ancien grenier et arsenal). L'année suivante fut inaugurée la bibliothèque (qui depuis 2005 occupe un entrepôt de vins transformé, près de la gare). La Société des sciences naturelles a été fondée en 1900 et la Société d'histoire de Bâle-Campagne en 1961. Un musée, aménagé en 2000, le Dichter- und Stadtmuseum, présente, outre de nombreux objets historiques, des documents sur des hommes de lettres liés à L.: Georg Herwegh, Josef Viktor Widmann, Carl Spitteler et Hugo Marti.

Le musée de l'harmonium (ouvert en 1991) est en mains privées. Les organisateurs de manifestations culturelles (soirées de l'orchestre de L. et de la société de théâtre amateur, saison de concerts de Bâle-Campagne) souffrent un peu de la proximité de Bâle. Le "Palazzo" expose depuis 1979 de l'art d'avant-garde.

Après la division du canton, L. développa une vocation scolaire. L'école réale, qui existait depuis 1820, fut transformée en école de district. L'école professionnelle ouvrit en 1875, l'école de la Société des employés de commerce de Bâle-Campagne en 1896, le premier gymnase de Bâle-Campagne en 1963, l'école normale cantonale en 1966 (haute école pédagogique en 2001, rattachée en 2006 à la haute école spécialisée de la Suisse du Nord-Ouest). L'école de soins psychiatriques (1966) fut élargie aux métiers hospitaliers en 1974 et aux professions de la santé en 2004 (à l'occasion de son transfert à Münchenstein). L. abrite aussi, depuis 1933 un centre de formation pour l'administration fédérale des douanes.

La paroisse protestante regroupe les fidèles de L. et de la commune voisine de Seltisberg. L'église catholique, dédiée à Nicolas de Flue, a été consacrée en 1866, mais des cultes catholiques étaient célébrés dans le chœur de l'église protestante depuis 1835. La paroisse catholique créée par le Grand Conseil fut reconnue par l'évêque en 1853; son territoire s'étend sur huit communes. L'église actuelle, consacrée en 1961, a été construite sur des plans de Fritz Metzger. Parmi les autres communautés chrétiennes qui ont un sanctuaire à L., citons les méthodistes (1862) et la communauté de Chrischona (vers 1900). L'Armée du Salut est installée dans la ville dès 1888. Les mennonites ont depuis 1957 leur école biblique européenne (auj. centre de congrès et de formation) au Bienenberg. Depuis 1976, la communauté islamique dispose d'un local de prière au "Palazzo". Il y eut une communauté juive entre 1871 et 1956 (elle comptait une centaine de personnes en 1880). Vers 1900, le local de prière se trouvait à l'étage de l'auberge Zur Eintracht. L'auberge Falken, à proximité, fut jusqu'à la Première Guerre mondiale un lieu apprécié des familles juives alsaciennes réservé aux célébrations festives.

Sources et bibliographie

  • J.J. Brodbeck, Geschichte der Stadt Liestal, 21872
  • K. Gauss, Geschichte der Stadt Liestal, 1910
  • K. Bütler, Die wirtschaftliche Entwicklung der Stadt Liestal, 1954
  • F. Klaus, Heimatkunde von Liestal, 1970
  • MAH BL, 2, 1974
  • INSA, 5
  • R. Marti, «Zwei frühmittelalterliche Gräber und ihre Bedeutung für die Frühgeschichte Liestals», in Beiträge zur Archäologie der Merowinger- und Karolingerzeit, 1988, 29-59
  • D. Wunderlin, Liestal 1889-1989, 1990
  • J. Ewald et al., Die römische Wasserleitung von Liestal nach Augst, 1997
  • M. Meier, Die Industrialisierung im Kanton Basel-Landschaft, 1997
  • J. Tauber, «Die Eisenwerker im Röserntal», in Tatort Vergangenheit, , éd. J. Ewald, J. Tauber, 1998, 241-266
  • Nah dran, weit weg, 1-6, 2001
  • A. Cueni et al., éd., Liestal - eine neue Heimatkunde, 2004
  • D. Rippmann, Liestal, 2009
Liens
Notices d'autorité
GND

Suggestion de citation

Dominik Wunderlin; Jürg Ewald: "Liestal (commune)", in: Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 14.01.2010, traduit de l’allemand. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/001211/2010-01-14/, consulté le 19.03.2024.