AngelicaKauffmann

30.10.1741 à Coire, 5.11.1807 à Rome, catholique, de Schwarzenberg, dans le Bregenzerwald. Portraitiste, peintre d'histoire, dessinatrice, graveuse, active dans le marché de l'art et tenant salon. 

Autoportrait. Huile sur toile d'Angelica Kauffmann, vers 1784, 93 x 76,5 cm (Bündner Kunstmuseum, Coire, dépôt de la Fondation Gottfried Keller, Inv. 321.000.1945).
Autoportrait. Huile sur toile d'Angelica Kauffmann, vers 1784, 93 x 76,5 cm (Bündner Kunstmuseum, Coire, dépôt de la Fondation Gottfried Keller, Inv. 321.000.1945). […]

Angelica Kauffmann reçut dès son plus jeune âge une vaste éducation artistique et intellectuelle. Son père, Joseph Johann Kauffmann, portraitiste et fresquiste à la cour épiscopale de Coire, encouragea son talent pictural. Sa mère, Cleofea Luz (ou Lutz), fille d'une sage-femme de Coire, l'éduqua en quatre langues et lui enseigna le piano et le chant. Angelica Kauffmann grandit principalement à Morbegno, en Valteline, et réalisa ses premiers pastels à l'âge de neuf ans. Aussi douée pour la peinture que pour le chant, elle fut considérée comme une enfant prodige en Valteline, dans les III Ligues, où les comtes de Salis furent d'importants mécènes du père et de la fille, ainsi que dans les cours et maisons nobles de Lombardie et dans la région du lac de Constance. De 1752 à 1754, elle vécut à Côme avec sa famille. Son premier voyage en Italie du Nord, entre 1754 et 1757, la conduisit à la cour de Milan, auprès du duc François III d'Este, dont plusieurs membres de la famille, entre autres, se firent portraiturer par ses soins. Après le décès de sa mère, en 1757, elle réalisa 13 fresques dans l'église de Schwarzenberg et fut active comme portraitiste. Durant son deuxième périple de formation à travers l'Italie, entre 1759 environ et 1766, elle noua des contacts avec des artistes anglais, allemands et italiens et avec des commanditaires, ainsi John Parker, voyageur anglais du Grand Tour. Elle réalisa alors ses premiers grands formats à l'huile représentant des scènes mythologiques et historiques – qui posèrent les bases de sa future carrière de peintre d'histoire –, étudia les classiques, apprit la perspective auprès de Piranèse, la gravure chez Johann Friedrich Reiffenstein et le nu académique, interdit aux femmes, auprès de Pompeo Batoni. Dès janvier 1763, à Rome, elle réussit à s'imposer comme artiste, notamment grâce à un portrait de l'archéologue et historien de l'art Johann Joachim Winckelmann.

Hector reproche à Pâris sa mollesse. Huile sur toile d'Angelica Kauffmann, 1770, 144,5 x 121 cm (Bündner Kunstmuseum, Coire, Inv. 7906.000.1997).
Hector reproche à Pâris sa mollesse. Huile sur toile d'Angelica Kauffmann, 1770, 144,5 x 121 cm (Bündner Kunstmuseum, Coire, Inv. 7906.000.1997). […]

En 1766, Angelica Kauffmann partit en Angleterre et ouvrit un atelier à Londres avec le soutien des relations nouées auparavant en Italie. Son père la secondait dans son travail. Elle épousa l'année suivante Frederick de Horn, qui se révéla être un escroc au mariage, et leur union fut annulée peu de temps après. Des mécènes de la cour d'Angleterre, parmi lesquels la reine consort Charlotte, soutinrent sa carrière et de nombreux nobles lui commandèrent leur portrait. En 1768, Joshua Reynolds, directeur désigné, appela Angelica Kauffmann et Mary Moser, peintre de natures mortes d'origine suisse, à devenir les deux seules femmes membres fondatrices de la Royal Academy of Arts, créée dans le but d'établir une école nationale de peinture en Angleterre. Grâce aux mechanical paintings et aux techniques de reproduction graphique, ses œuvres connurent une large diffusion en Europe à partir des années 1770. Elles servirent de modèles pour des peintures murales, des trumeaux de cheminée et des plafonds dans des résidences nobles; d'influents fabricants de meubles, d'étoffes, de porcelaine et de vaisselle Wedgewood utilisèrent ses motifs. En marge de ses portraits, ses petits formats de scènes d'ambiance représentant des figures féminines de la mythologie et de la littérature s'avérèrent également rentables pour l'artiste. L'apogée de sa carrière en Angleterre fut la commande, en 1780, de quatre peintures de plafond allégoriques pour la Somerset House de la Royal Academy.

Portrait de la famille de Ferdinand IV de Naples réalisé par Angelica Kauffmann. Huile sur toile, 1783, 310 x 426 cm (Museo e Real Bosco, Capodimonte, Inv. OA 6557, Appartamento Reale) © Ministero della Cultura - Museo e Real Bosco di Capodimonte.
Portrait de la famille de Ferdinand IV de Naples réalisé par Angelica Kauffmann. Huile sur toile, 1783, 310 x 426 cm (Museo e Real Bosco, Capodimonte, Inv. OA 6557, Appartamento Reale) © Ministero della Cultura - Museo e Real Bosco di Capodimonte. […]

Le 14 juillet 1781, à l'âge de 39 ans, Angelica Kauffmann épousa Antonio Zucchi, un védutiste vénitien, et partit s'installer en Italie avec lui et son père. Après la mort de ce dernier à Venise, Zucchi seconda l'artiste à son tour dès 1782 et tint la comptabilité des commandes de sa clientèle internationale de haut rang, parmi laquelle figuraient l'empereur Joseph II et la tsarine Catherine II. La même année, elle se rendit à Naples à l'invitation de la reine Marie-Caroline; le portrait de groupe qu'elle fit de la famille royale fut sa toile de plus grandes dimensions. L'atelier qu'elle ouvrit à Rome, où elle s'installa définitivement à son retour, devint bientôt un point de rencontre de l'élite intellectuelle européenne (salons). Goethe et Johann Gottfried Herder comptaient parmi ses hôtes. Des poétesses renommées s'y retrouvaient et se firent représenter par Angelica Kauffmann dans un genre de portrait accentuant les poses théâtrales des modèles, que l'artiste contribua à développer. A Rome virent le jour ses plus fameuses peintures historiques, ainsi Cornélia, mère des Gracques. Les thèmes religieux gagnèrent ensuite en importance et en 1791, elle reçut commande du pape Pie VI pour un tableau d'autel destiné à la basilique de la Sainte Maison de Lorette. Un mois avant sa mort, elle achevait encore un ultime grand portrait de commande. Ses funérailles, à Rome, passent pour les plus solennelles depuis celles de Raphaël; son buste par Johann Peter Kaufmann fut placé en 1809 au Panthéon à côté de celui de Raphaël. Angelica Kauffmann, qui n'eut pas d'enfants, a laissé derrière elle une riche collection d'art et de livres, ainsi qu'une fondation caritative dans le Vorarlberg. Dans son testament, elle se montra généreuse envers sa famille éloignée.

Enveloppe avec mèche de cheveux d’Angelica Kauffmann, deuxième moitié du XVIIIe siècle (Vorarlberg Museum, Bregenz, Inv. AG0008) © Vorarlberg Museum Bregenz, Markus Tretter.
Enveloppe avec mèche de cheveux d’Angelica Kauffmann, deuxième moitié du XVIIIe siècle (Vorarlberg Museum, Bregenz, Inv. AG0008) © Vorarlberg Museum Bregenz, Markus Tretter. […]

L'œuvre d'Angelica Kauffmann comprend environ 800 peintures à l'huile, quelque 400 dessins, une quarantaine de gravures, une série de peintures murales, des pastels et des miniatures. Plus de 600 reproductions imprimées et d'innombrables copies réalisées par d'autres mains, y compris des contrefaçons, furent inspirées de sa production artistique, attestant de sa constante popularité. A côté de la Royal Academy, elle fut membre de quatre autres académies. Autant sa carrière que sa réussite financière en tant qu'artiste furent considérées, de son vivant déjà, comme exceptionnelles. Toutefois, les spéculations sur sa vie privée, qui inspirèrent des drames et des romans, occultèrent en même temps les mérites artistiques de cette importante représentante du classicisme en Europe. En étant la première à exposer des toiles consacrées à l'histoire médiévale anglaise, elle donna une impulsion à la peinture d'histoire en Grande-Bretagne. Ses tondi (peintures de format rond) d'inspiration mythologique et littéraire suscitèrent un véritable phénomène de mode qui conduisit à une saturation, raison pour laquelle son art fut dévalorisé au cours du XIXe siècle et taxé de «pseudo-classicisme». Dans le cadre des études sur les femmes et le genre, mais aussi de la réévaluation du néoclassicisme, son œuvre rencontra une reconnaissance accrue à partir des années 1960. En 2007, un musée fut ouvert en son honneur à Schwarzenberg, lieu d'origine de son père. Un catalogue raisonné critique, qui servira de base à des recherches approfondies, est en cours de préparation au sein de l'Angelika Kauffmann Research Project.

Sources et bibliographie

  • Österreichische Nationalbibliothek, Vienne, Sammlung von Handschriften und alten Drucken.
  • The National Archives, Londres.
  • Vorarlberg Museum, Bregenz, Angelika-Kauffmann-Sammlung.
  • Vorarlberger Landesarchiv, Bregenz, Felder-Archiv.
  • Angelika Kauffmann Research Project, Düsseldorf.
  • Accademia Nazionale di San Luca (éd.): Memoria delle piture [sic] fatte d'Angelica Kauffman dopo il suo ritorno d'Inghilterra, rédigé par Carlo Knight, 1998 (liste des œuvres 1781-1798).
  • Swozilek, Helmut (éd.): Indice Della Seconda Parte Delle Opere di Angelika Kauffmann Zucchi, 1999 (liste des œuvres 1798-1804).
  • Maierhofer, Waltraut (éd.): Angelica Kauffmann: «mir träumte vor ein paar Nächten, ich hätte Briefe von Ihnen empfangen». Gesammelte Briefe in den Originalsprachen, 2001.
  • EwenzGabriele: «Lebensdokumente», in: BaumgärtelBettina  (éd.): Angelika Kauffmann. Unbekannte Schätze aus Vorarlberger Privatsammlungen, 2018, pp. 256-287 (catalogue d'exposition).
  • Helbok, Claudia: Miss Angel. Angelika Kauffmann, eine Biographie, 1968.
  • Roworth, Wendy W.: «Angelika Kauffmann», in: Dictionary of Women Artists, vol. 2, 1997, pp. 764-770.
  • Baumgärtel, Bettina (éd.): Angelika Kauffmann 1741-1807 – Der Raffael unter den Künstlerinnen – Die erste Retrospektive, 1998 (catalogue d'exposition).
  • Swozilek, Helmut (éd.): Memorie istoriche di Maria Angelica Kauffmann Zucchi riguardanti l'arte della pittura da lei professata scritte da Giuseppe Carlo Zucchi, Venezia 1788, 1999.
  • Ciofetta, Simona: «Angelika Kauffmann», in: Dizionario Biografico degli Italiani, vol. 62, 2004, pp. 736-740.
  • Rosenthal, Angela: Angelica Kauffman. Art and Sensibility, 2006 (allemand 1996, édition anglaise avec compléments).
  • Gray, Sara: «Kauffman, Maria Anna Angelica Catherine», in: Dictionary of British Women Artists, 2009, pp. 155-156.
  • Baumgärtel, Bettina (éd.): Angelika Kauffmann. Unbekannte Schätze aus Vorarlberger Privatsammlungen, 2018 (catalogue d'exposition).
  • Baumgärtel, Bettina (éd.): Verrückt nach Angelika Kauffmann, 2020 (catalogue d'exposition).
  • Baumgärtel, Bettina: Das kritische Werkverzeichnis der Gemälde, Zeichnungen, Radierungen und Nachstiche von Angelika Kauffmann, mit Quellentexten (en préparation).
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Angelica Catharina Maria Anna Kauffmann
Angelica Kauffman
Angelica Kauffmann
Angelika Kauffmann Zucchi
Maria Angelica Kauffmann Zucchi
Maria Anna Angelica Catharina Kauffmann
Maria Anna Angelika Catharina Kauffmann (nom de naissance)
Dates biographiques ∗︎ 30.10.1741 ✝︎ 5.11.1807

Suggestion de citation

Bettina Baumgärtel: "Kauffmann, Angelica", in: Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 13.12.2021, traduit de l’allemand. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/022037/2021-12-13/, consulté le 17.04.2024.